On entend souvent dire qu’il est important de mettre ses limites. On a d’ailleurs tous rêvé, au moins une fois, de mettre une limite claire et « efficace ». Dans la théorie ça peut sembler facile et attrayant, mais dans la réalité, la pratique peut paraître périlleuse et source d’inconfort.
Alors voici quelques réflexions et astuces pour vous aider à y voir plus clair…
Une limite : c’est quoi?
Une limite c’est une frontière, une délimitation de territoire. Elle marque les balises, le contour de quelque chose. Ce qui est moins évident en psychologie, c’est que la limite est abstraite, sous forme de mots à communiquer. Elle est parfois difficilement établie et peut évoluer selon le contexte, en plus d’être interprétée par celui qui la reçoit.
La limite qu’elle soit mentale ou émotionnelle est quelque chose de personnel et d’interprétable. Nous avons tous déjà eu l’impression de clarifier nos limites, de « bien » les communiquer à l’autre et d’être ensuite déçu.e parce que notre intervention avait eu peu d’impact.
Dire et recevoir
On attend souvent des limites qu’elles aient un impact sur autrui, que l’autre s’ajuste à ce qu’on lui communique. C’est d’ailleurs au nom des limites que plusieurs tensions peuvent naître entre des personnes ou des groupes de personnes.
La limite peut être difficile à communiquer : par peur de blesser, de heurter l’autre, par peur d’oser, par peur qu’elle soit vue comme non valide ou non justifiée ou parce que les mots nous manquent.
Je peux avoir l’impression de me laisser marcher dessus ou au contraire attendre des autres qu’ils exécutent mes ordres. On voit ici un continuum entre se laisser faire et gérer les autres.
Généralement, quand nous posons une limite, nous aimerions que l’autre n’ait pas de réaction ou soit content ou tout au moins en accord avec cette limite.
Mais lorsque nous recevons une limite, cela provoque une réaction. C’est normal!
Parce que nous sommes humains, parce qu’elle entre en conflit avec nos plans ou nos intentions. Nous n’avons qu’à penser aux enfants qui peuvent présenter des pleurs, des cris lorsqu’on nomme une interdiction. Leur intention n’est pas de nous agacer, ils expriment simplement, avec les moyens à leur disposition, leurs émotions.
Et chez l’adulte c’est pareil, sauf que l’on voit moins de crises parce que l’on a appris à contenir un peu plus notre monde émotif. Mais cela peut se manifester tout de même par des comportements teintés d’émotions : cris, disputes ou évitement sous forme de silence radio.
Clarifier ses limites
Avant de mettre une limite, il y a un préalable : savoir laquelle et pourquoi. Bien souvent, je ne prends pas le temps de réfléchir à ce que je veux, à comment je veux agir ou comment je veux interagir.
La personne que je veux être ferait quoi dans cette situation?
Quelle est mon intention, quel message je souhaite transmettre?
Et pour identifier les limites, rien de tel que d’identifier ses valeurs et de se connaître. Plus je me connais, plus je rattache la limite à une valeur ou à un besoin essentiel, plus cela va être évident de la nommer.
Nommer ses limites
Une fois la limite clairement identifiée, il me reste à la communiquer. L’autre ne peut pas me deviner! S’affirmer et mettre des limites ne veut pas dire contrôler l’autre ou attendre de lui des comportements précis.
À ce moment, on peut penser à comment on aimerait que l’on nous dise cette information. On peut parler de son ressenti et de ce qui est important pour nous. Et toujours garder en tête que je prends soin de moi, de l’autre et de la relation en la nommant clairement et de façon appropriée.
Avoir des attentes réalistes et assumer sa responsabilité
Mettre ses limites permet d’entretenir une relation plus saine avec soi et avec autrui. Si je ravale, je me tais, je risque de vivre de la rancoeur et des contrariétés. Je vis aussi de l’inconfort.
Le choix des mots, du ton que j’emploie, le choix du moment où je parle sont importants.
Et gardez en tête que les limites de l’autre vont me faire réagir. Lorsque je me sens secoué.e par les limites qu’on me met, je peux prendre le recul nécessaire pour reconnaître ce que je vis, me faire à l’idée et entendre le message de l’autre, comme j’aimerais être entendu.e.
Je vous souhaite une bonne pratique, parce que c’est en se mettant à l’oeuvre qu’on évolue.

